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France : une croissance en léger recul

Brexit, référendum italien, mobilisations contre la loi travail, inondations et craintes d’attentats en France ont pesé sur la croissance française au 2ème trimestre 2016. Après la bonne surprise du 1er trimestre, celle-ci a en effet été nulle entre avril et juin 2016. Cette baisse se traduit notamment par une hausse de l’endettement des entreprises non financières, une légère augmentation des défaillances d’entreprises et des difficultés dans certains secteurs, notamment l’agroalimentaire, l’hôtellerie ou les transports. Une pause cependant temporaire puisqu’un rebond est prévu pour le 2ème semestre.

Une croissance française ralentie au 2ème trimestre
Le 2ème trimestre 2016 marque en effet un certain ralentissement de la croissance dû principalement à des chocs externes tels les inondations en Ile-de-France, qui ont provoqué un ralentissement de l’activité dans la région, les grèves dans les raffineries, les incertitudes politiques en Europe – blocage politique en Espagne, referendum en Italie, Brexit – qui alimentent la volatilité des marchés, les risques d’attentats.
Plusieurs indicateurs sont ainsi à la baisse.
La fréquentation hôtelière à Paris et en Ile-de-France a, par exemple, baissé de 6, 4% au 1er semestre 2016. La consommation des ménages a, de son côté, stagné (0%) au 2ème trimestre après un 1er trimestre plus dynamique (1,2%). L’investissement en capital fixe s’est, de même, contracté (-0,4%) après une hausse de 2,1% au trimestre précédent. Les services marchands démontrent de certaines difficultés, notamment les services aux ménages (-1,1%) et services aux commerces (-0,4%). L’activité de l’industrie est également en baisse de 0,3%, notamment l’agroalimentaire (-1,4%).

Une hausse de l’endettement des entreprises
Bien que loin du seuil critique déterminé à 90%, la dette des entreprises, représentant 68,7% du PIB en France, est la seule en augmentation en Europe.
Les entreprises françaises ont en effet massivement eu recours à l’emprunt entre 2007 et 2013 afin de pallier les effets de la crise et notamment une demande moins importante et un taux de marge ne permettant pas le bon fonctionnement de leur trésorerie.
Entre 2013 à 2016, bien que la trésorerie de la plupart des entreprises françaises se soit rétablie, les taux d’intérêt très favorables (1,89% en moyenne pour un prêt à moyen – long terme), les débouchés importants au niveau de la consommation et de l’investissement et la possibilité d’emprunt sur les marchés à des taux faibles, ont incité beaucoup d’entre elles à profiter de ces avantages et à s’endetter afin de conserver leur liquidité.
Aujourd’hui, la France est le seul grand pays d’Europe où l’endettement des entreprises non financières augmente (+14,8 points de pourcentage).

Des défaillances d’entreprises globalement en baisse malgré une légère hausse au 2ème trimestre
Autre indicateur important de la croissance : les défaillances d’entreprises.
Si la dynamique globale est une baisse des défaillances sur l’ensemble de l’année 2016 (prévision d’une baisse de 3,4% sur l’année), celle-ci a tout de même été mise à mal durant le 2ème trimestre dans certains secteurs. La filière hôtelière et le secteur des transports ont, dans ce cadre, beaucoup souffert de l’uberisation de l’économie, notamment en Ile-de-France où les défaillances d’entreprises représentent 21,4% de l’ensemble des défaillances du territoire français. Cette région est d’ailleurs la plus sinistrée avec une hausse de 5,4% des défaillances à fin juillet 2016.

Des risques sectoriels contrastés
Au niveau du risque sectoriel, la Coface constate une stabilité au sein de plusieurs secteurs depuis le début de l’année. C’est notamment le cas pour les secteurs de la construction et de la chimie.
D’autres secteurs rencontrent par contre plus de difficultés comme les secteurs du textile – habillement et de l’agroalimentaire. Le secteur du textile souffre en effet toujours avec une augmentation du nombre de défaillances annuel de 10,6% à juillet 2016, ainsi qu’une baisse de la marge nette de 37% entre décembre 2015 et juin 2016. Ces entreprises sont à la fois victimes d’une concurrence très forte de grands groupes européens, de la hausse des ventes sur internet, et du contexte sécuritaire et social défavorable qui a notamment conduit à une chute de la fréquentation touristique.
L’agroalimentaire, de même, souffre d’un environnement mondial défavorable et des tensions au niveau national. Dans ce cadre, le secteur a enregistré en juillet 2016 la troisième hausse consécutive de ses défaillances (+2,8%). Le secteur de la viande,  particulièrement touché par la concurrence européenne et la baisse de la consommation dans les pays développés, représente, à ce titre, 13% du poids des défaillances dans l’agroalimentaire.
A contrario, le secteur de l’automobile a été reclassé par la Coface en « risque faible ». L’immatriculation des véhicules neufs augmente en effet de 5,4% sur les sept derniers mois et la croissance du secteur en 2017 est estimée entre 1,5 et 2,5%.
Une progression principalement liée à une consommation des ménages très dynamique boostée par l’amélioration du marché de l’emploi, les taux de crédit favorables ou les nouveaux modes de financement.

Si la croissance a subi une légère baisse au 2ème trimestre, celle-ci devrait donc rester positive sur l’ensemble de l’année et estimée à 1,6%. Cette tendance globale favorable est notamment portée par la baisse du chômage, évalué en dessous des 10% par l’INSEE et une consommation privée en nette hausse malgré les difficultés dans certains secteurs. La croissance devrait ensuite poursuivre son rythme positif en 2017 à hauteur de 1,3% selon la Coface.

Source : Coface – Economie française : une dynamique temporairement troublée – Septembre 2016
http://www.coface.fr/Actualites-Publications/Actualites/Economie-francaise-une-dynamique-temporairement-troublee