Vers une reprise de l'économie française ?

« Lentement mais sûrement » tels sont les termes employés par la Coface dans son dernier baromètre publié fin novembre 2015 pour qualifier la reprise de l’économie française. Soutenue par une hausse de la consommation privée et publique, par celle de l’investissement des entreprises, par la baisse du prix du pétrole et les mesures gouvernementales, la croissance semble montrer des signes encourageants, comme l’atteste la baisse des défaillances d’entreprises. Cependant cette croissance semble encore fragile dans certains secteurs d’activités.

Vers une reprise de la croissance française…

Avec une hausse de +0,3% au 3ème trimestre 2015 venant confirmer la bonne dynamique du 1er trimestre, malgré une croissance nulle au 2ème trimestre, la croissance semble confirmer son retour. La Coface estime sa hausse à +1,1% en 2015 et +1,4% en 2016.

Une croissance tirée par une hausse de la consommation privée

Avec une croissance de +0,3% au 3ème trimestre 2015, la consommation des ménages, tout d’abord, croit en effet de manière modérée et participe de façon positive à la reprise. La consommation de biens a en effet augmenté de +0,7% sur ce trimestre, notamment dynamisée par les ventes de biens d’équipements de logements. Les ventes du secteur de l’automobile devraient également contribuer à la croissance de la consommation, signe d’une confiance bien orientée des ménages malgré un taux de chômage toujours élevé (10,7% de la population active en septembre 2015).
Le revenu brut disponible des ménages est en effet en hausse depuis début 2014, notamment grâce à la baisse du cours du pétrole (-26% entre juin et septembre 2015) réduisant leur facture énergétique. Au niveau global, les prévisions en termes de consommation des ménages sont de + 1,5% en 2015 et +1,3% en 2016.

Une progression de l’investissement des entreprises

Du côté de l’investissement des entreprises, la Coface observe également une hausse quoiqu’à un rythme beaucoup plus faible que la plupart des pays voisins et que celui observé historiquement en phase de reprise économique. L’amélioration de la production industrielle depuis aout 2015 devrait conduire l’investissement à demeurer positif, après une hausse de 0,1% au 3ème trimestre 2015, bien que très loin derrière les rythmes d’avant-crise (+4% en rythme annuel en moyenne entre 2004 et 2007).
En 2016, pour la première fois depuis 2012, l’investissement, avec une hausse estimée à +1,5%, devrait apporter une contribution positive à l’économie. Des investissements néanmoins plus motivés par le vieillissement de l’appareil productif français que par la hausse de la demande.

Le rôle de la baisse du prix du pétrole et des mesures gouvernementales

De même, la baisse du prix du pétrole et les mesures gouvernementales telles le crédit d’impôt pour les entreprises employant des salariés (CICE) ont également un rôle favorable sur la croissance française. La baisse du cours du baril de pétrole a notamment réduit la facture énergétique des secteurs de l’agriculture, des transports et de l’industrie. Quant au CICE, il a notamment permis aux entreprises de reconstituer leurs marges (31,1% au 3ème trimestre 2015), même si l’on observe un accès relativement réduit à cette mesure pour les entreprises industrielles exportatrices.

La baisse des défaillances d’entreprises

La baisse des défaillances d’entreprises en France depuis trois semestres consécutifs démontre ainsi que les entreprises commencent à bénéficier de la reprise annoncée, même si le nombre total de défaillances reste largement supérieur à la moyenne d’avant-crise et si les plus petites entreprises sont toujours surreprésentées. A fin octobre 2015, le nombre des entreprises concernées est ainsi de 61 150, soit une baisse annuelle de -4,8%. Le coût total de 3,6 milliards d’euros est lui en baisse de -20% sur un an. Quant aux employés concernés, leur nombre de 162 625 est en baisse de -3,8%.

…Mais une reprise qui reste fragile

Des défaillances en hausse dans certaines zones géographiques et certains secteurs

Si le nombre global des défaillances d’entreprises est en baisse, certaines zones géographiques ou certains secteurs d’activités ne sont pas logés à la même enseigne. Le nombre de défaillances augmente ainsi dans les régions Centre (+1,7%) et Auvergne (+1,4%) et reste stable et élevé en Ile-de-France, alors même que la région concentre 20,4% des défaillances de la France métropolitaine. Certains secteurs d’activités enregistrent, de même, des taux de défaillances plus importants. C’est le cas de la pharmacie (+5% sur un an à fin octobre 2015), des meubles en bois (+10%), de l’habillement textile (+2%), de la transformation plastique (+14,8%) ou des services collectifs (+2,9%).

Des secteurs d’activités toujours à risque

Enfin, au regard du baromètre sectoriel de la Coface, des risques persistent au sein de certains secteurs d’activités, notamment l’automobile, l’énergie, les transports et la construction.

Le risque reste ainsi élevé dans le secteur de l’automobile, notamment au sein de la distribution automobile et des commerces liés à la réparation et l’entretien. De même les équipementiers et sous-traitants profitent inégalement du rebond du secteur, les grands équipementiers bénéficiant du dynamisme des grands marchés, comme celui des Etats-Unis, et les sous-traitants restant plus faibles de part leur taille et leur forte dépendance au marché intérieur.

Les entreprises du secteur de l’énergie subissent, quant à elles, la faiblesse des cours du pétrole ainsi que les changements structurels des modes de consommation des produits raffinés. Les entreprises parapétrolières souffrent en effet de la baisse des investissements des compagnies d’exploration-production. Quant au secteur de la distribution de produits pétroliers, sa restructuration au profit de grandes enseignes de la distribution fragilise les indépendants et acteurs historiques.

Autre secteur fragilisé : les transports de marchandises. La France est ainsi placée en Europe au 12ème rang au niveau des transports maritimes ainsi qu’au 25ème rang au niveau du transport routier. De même le secteur aérien souffre de la concurrence des compagnies européennes et de celles des pays du Golfe.

Enfin le secteur de la construction reste le seul secteur en France encore évalué à risque « très élevé » par la Coface. Le chiffre d’affaires des entreprises liées à la construction se contracte depuis 2012. De même bien qu’une baisse des défaillances d’entreprises soit observée depuis mai 2015, celles-ci restent très importantes, représentant un poids de 32,6% du total des défaillances en octobre 2015. En 2016, le secteur devra encore subir la baisse des dépenses publiques ainsi que la morosité du marché de l’emploi pesant sur la demande.

Source : Panorama France – Novembre 2015 – Coface
http://www.coface.fr/Actualites-Publications/Actualites/Reprise-de-l-economie-francaise-lentement-mais-surement