Quel avenir pour l'énergie solaire en Europe : zoom sur le photovoltaïque

Quelques jours après la clôture de la COP21 organisée à Paris entre le 30 novembre et le 11 décembre 2015, nul n’est plus d’actualité qu’une étude du secteur de l’énergie solaire en Europe et plus particulièrement du secteur du photovoltaïque.
Qu’est-ce que le photovoltaïque ? Quelle fût l’évolution de ce secteur économique au cours des années passées ? Quels sont aujourd’hui les défis à relever ? Et enfin quel avenir lui est-il réservé dans les années qui viennent ? Telles sont les questions traitées au sein d’un grand panorama consacré à ce secteur par la Coface en octobre 2015 et dont nous reprenons ici les principales analyses et conclusions.

Qu’est-ce-que le photovoltaïque ?

Le photovoltaïque est une technologie développée dans le cadre de la production d’énergie solaire. Les panneaux solaires photovoltaïques ou modules photovoltaïques produisent, en effet, grâce aux cellules photovoltaïques composant chaque panneau, de l’électricité à partir de l’énergie solaire. La particularité de cette technologie est la production d’une énergie renouvelable et propre puisque les émissions directes des panneaux sont nulles et les émissions indirectes très faibles.
Sa principale contrainte : la variation de l’énergie créée au cours de la journée en fonction de l’ensoleillement obligeant ces installations à être intégrées au réseau afin de compenser les baisses de production et assurer l’équilibre.
Trois générations de technologies photovoltaïques existent aujourd’hui sur le marché : les cellules en silicium cristallin, technologie la plus utilisée avec 93% de la demande à fin 2014, les cellules en couches minces, et les cellules de « troisième génération ».

Quelle évolution du secteur du photovoltaïque en Europe ?

Dans le cadre, notamment de la mise en place de politiques publiques favorables au développement de l’énergie solaire, le secteur du photovoltaïque a connu une très forte croissance en Europe de l’Ouest durant la fin des années 2000. A cette époque, la production d’électricité due à cette technologie passe de 0,7 à 62,4 milliards de kWh entre 2004 et 2012 en Allemagne, Espagne, France, Italie et Royaume Uni (principaux pays étudiés dans le cadre de ce panorama), le photovoltaïque représente 5,3% de la consommation totale d’électricité et l’Europe devient leader mondial du photovoltaïque avec 75% de la production mondiale en 2012. Outre ces politiques publiques favorables, plusieurs facteurs expliquent la croissance rapide du secteur : la baisse continue des prix (baisse de 80% entre 2006 et 2012), l’augmentation très importante des capacités de production, ou encore l’arrivée sur le marché de la concurrence chinoise en 2005 conduisant à une véritable guerre des prix entre producteurs européens et chinois.
Mais à partir de l’arrêt des subventions accordées au secteur en 2011, la croissance du photovoltaïque a connu un arrêt brutal. La dépendance des pays européens à l’égard des fabricants chinois s’est accrue contribuant à la constitution d’un important déficit commercial européen, les installations de panneaux solaires ont chuté, le nombre de personnes employées dans le secteur a chuté de 67% entre 2010 et 2013 et les défaillances d’entreprises se sont multipliées.
Aujourd’hui, même si l’arrêt des subventions au secteur a également affecté les producteurs chinois, en situation de surcapacités et de forte baisse des exportations, le marché du photovoltaïque est largement dominé par les fabricants chinois comme Trina Solar, Yingli Green Energy, Jink Solar et JA Solar. Le développement de cette technologie longtemps dominé par l’Europe, l’est aujourd’hui principalement par les pays asiatique qui concentre en 2014, 60% des installations.

Quel avenir pour le photovoltaïque ?

Dans ce contexte, quel est l’avenir de ce secteur qui s’est effondré aussi rapidement qu’il s’est développé ? Les analystes économiques de la Coface évoquent à la fois des défis importants à relever à court terme qui pour l’instant freinent le développement du photovoltaïque, mais des embellies à long terme.
A court terme, le photovoltaïque doit en effet faire face à certains défis qui aujourd’hui entravent encore son développement. Dans un premier temps, les surcapacités d’électricité produite difficilement intégrable dans un secteur globalement fragilisé par la baisse de consommation européenne d’électricité, la diminution de l’activité industrielle, la pression à la baisse sur le prix de gros de l’électricité, les incitations aux économies d’énergie (les états membres de la Commission Européenne ont par exemple pour objectif de limiter de 20% leur consommation énergétique d’ici 2020) ou encore la limitation de la « décarbonisation » par les autorités en vue d’amortir les coûts liés aux investissements passés et de ne pas pénaliser les producteurs d’énergie traditionnels. Autant de freins qui poussent les dirigeants à aujourd’hui limiter le développement du photovoltaïque et des énergies renouvelables en général.  Dans un deuxième temps, la nécessaire mais encore réduite intégration électrique européenne, en d’autres termes le développement des interconnexions en vue de l’échange d’électricité à des fins de consommation, entre les pays européens. Ce système d’intégration est plus que nécessaire pour le secteur du photovoltaïque, notamment en vue de lisser les surcapacités de production et équilibrer la production au niveau européen, mais les investissements nécessaires sont lourds et pour l’instant, seules la France et l’Allemagne ont atteint leurs objectifs d’interconnexion.

A moyen et long terme cependant, les perspectives sont plus encourageantes pour le secteur du photovoltaïque. Tout d’abord parce que, comme nous l’avons vu avec l’organisation de la COP21 ce mois-ci à Paris, la transition vers une politique mondiale des énergies renouvelables est en marche et devrait s’accélérer dans les années futures. L’approbation à l’unanimité par l’ensemble des pays présents de l’accord maintenant le réchauffement climatique sous la barre des 2° le 12 décembre dernier est un pas significatif pour le développement des énergies renouvelables et d’un monde sans carbone.
La montée des coûts de la production d’électricité par les industries traditionnelles, due notamment à la rareté croissante des matières premières et à la mise en place de taxes carbone, et la baisse de ceux des panneaux solaires est une deuxième perspective avantageuse pour le secteur du photovoltaïque. Bloomberg New Energy Finance (BNEF) a ainsi publié une étude en 2015 affirmant que l’énergie solaire devrait devenir l’énergie verte la plus compétitive dès 2030, représentant, à cette date, 35% des sources d’énergies dans le monde. Ce même rapport prévoit pour l’Europe un développement du photovoltaïque de petite taille et une augmentation de 6% aujourd’hui à 22% de cette énergie dans l’offre d’électricité.
Enfin, les progrès technologiques comme ceux réalisés aujourd’hui dans le domaine du stockage d’énergie pourraient apporter une solution avantageuse au problème de variation de production rencontré par le secteur du photovoltaïque et favoriser à long terme les objectifs d’autoconsommation et d’indépendance énergétique.

Source : Panorama Coface « Eclaircies sur le photovoltaïque européen ? » – Coface – Octobre 2015.
http://www.coface.fr/Actualites-Publications/Actualites/Pleins-feux-sur-l-avenir-de-l-energie-solaire-en-Europe-le-photovoltaique