Evolution du risque pays dans le monde : panorama de la Coface à juin 2015

Le mois dernier, la Coface publiait son baromètre trimestriel sur l’évolution du risque pays dans le monde. Une occasion de comprendre les évolutions du risque par pays avec un zoom plus particulier sur le Portugal, la République Tchèque et le Vietnam en amélioration, ainsi que l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Bahreïn, le Canada, la Chine, le Gabon, Madagascar et la Tanzanie dont les évaluations sont, quant à elles, revues à la baisse.

> Portugal, République Tchèque, Vietnam en nette amélioration

. Portugal : sortie du plan de sauvetage et croissance à la hausse
Bénéficiant d’une évaluation située en A4 (B + de la dernière évaluation), le Portugal est évalué positivement ce trimestre. Le pays sorti de son plan de sauvetage sans recourir à la ligne de crédit allouée par précaution en juin 2014, du fait du rachat par l’Etat du quart des emprunts contractés auprès du FMI, voit sa position budgétaire s’améliorer et ses comptes extérieurs se rééquilibrer. La reprise économique du pays semble se poursuivre avec une croissance prévue à 1,5% en 2015 et 2016. Dans ce cadre, la situation des entreprises est également bien orientée.

. République Tchèque : demande intérieure dynamique, hausse des exportations et investissements publics
La République Tchèque, quant à elle, passe d’une évaluation de A4 + à A3. Une évaluation positive marquée par une croissance en hausse devant atteindre les chiffres de 2,5% en 2015 et 2,8% en 2016.
Plusieurs raisons expliquent cette bonne croissance :
. Une demande intérieure dynamique, notamment la consommation des ménages soutenue par la hausse de l’emploi, des salaires et par l’assouplissement budgétaire.
. Une industrie solide qui devrait bénéficier de la reprise économique de l’Europe occidentale et en particulier du marché européen de l’automobile.
. Un ancrage solide de la couronne à l’euro qui devrait, dans un contexte de dépréciation de l’euro, maintenir la compétitivité des exportations.
. Un secteur touristique toujours dynamique et participant positivement à la balance des services.
. Une hausse des investissements publics dans les transports.
. Des banques locales solides financées largement via les dépôts locaux.

. Vietnam : importants flux d’IDE entrants et consommation privée à la hausse
Le Vietnam, aujourd’hui classé en B contre C + lors de la dernière évaluation, voit les performances économiques du pays s’améliorer.
La croissance du PIB est en hausse et établie à 6% en 2014, l’inflation est maîtrisée, la consommation privée augmente, notamment grâce à la maîtrise de l’inflation et à l’amélioration de la confiance des consommateurs.
Le Vietnam bénéficie, de plus, d’importants flux d’Investissements Directs Etrangers (IDE) entrants, en partie liés à la production de produits à forte valeur ajoutée comme les smartphones.

> Afrique du Sud, Algérie, Bahreïn, Canada, Chine, Gabon, Madagascar, Tanzanie : des situations divergentes mais des évaluations revues à la baisse

. Afrique du Sud : ralentissement de l’activité, endettement de l’état et situation politique et sociale fragile
L’Afrique du Sud qui voit son évaluation revue à la baisse par la Coface, passe d’un niveau de A4 à A4 – . Subissant un ralentissement de l’activité, dû notamment aux défaillances dans l’approvisionnement en électricité, l’Afrique du Sud voit également son taux de chômage augmenter et son inflation toujours élevée. Les déficits jumeaux et l’endettement de l’Etat augmentent également, ce qui nécessitera une maîtrise des dépenses qui pèsera sur la demande intérieure.  La situation politique et sociale, quant à elle, demeure fragile avec une crainte de tensions dues à des négociations salariales en cours.

. Algérie : impact négatif de la baisse des cours du pétrole et du gaz
L’Algérie passant du niveau A4 à A4 – est fragilisée par la baisse des cours du pétrole et du gaz. Tout d’abord au niveau des comptes publics, puisque le déficit public ayant atteint 6,2% en 2014, c’est à dire 70% des recettes publiques et 33,2% du PIB en 2014, devrait s’aggraver en 2015 sous l’effet de la faiblesse des recettes pétrolières et du maintien des dépenses publiques an matière sociale et d’allégement fiscal pour les entreprises.

. Bahreïn : baisse des prix du pétrole et détérioration des perspectives économiques
Souffrant également de la baisse des prix du pétrole, le Bahreïn voit son évaluation baisser de A4 à A4 – . Cette baisse induit notamment une pression sur les finances publiques et notamment une baisse des recettes publiques, principal soutien à l’activité hors hydrocarbures. Cette baisse devrait également produire un impact négatif sur l’activité du secteur privé, notamment par la baisse des indicateurs de confiance déjà faibles du fait du contexte politique du pays. Le pays pourrait cependant compter dans la période à venir sur une assistance économique et financière des pays du Conseil de Coopération du Golfe.

. Canada : économie fragilisée par la faiblesse des prix du pétrole et des difficultés sur le marché immobilier
Le Canada passe, quant à lui, d’une évaluation à A1 à A1 – .
Dans ce cas également, la faiblesse des prix du pétrole pénalise la croissance canadienne, qui, pour la première fois depuis 2011, s’est contractée. Dans ce contexte, les industries extractives et activités supports montrent des signes de difficultés et le déficit courant s’aggrave.  A cela s’ajoute des difficultés sur le marché immobilier. Celui ci apparaît, en effet, surévalué à court terme et les difficultés de l’économie conjuguées au moindre dynamisme de la consommation privée font peser des risques baissiers sur ce secteur.
Cependant, disposant de relais de croissance, notamment dans le domaine des exportations manufacturières, l’économie canadienne devrait rebondir.

. Chine : ralentissement économique et dette privée élevée
La Chine passe du niveau A3 – au niveau A4. Ici, c’est le niveau de la dette privée qui semble le plus préoccupant. Celle ci aurait atteint le niveau de 207% du PIB début 2014 (contre 130 % en 2008) selon le FMI. De même, le niveau des prêts non performants augmente. Dans le contexte du ralentissement économique du pays, la solvabilité des acteurs les plus fragiles est donc à surveiller, notamment les secteurs du ciment et de l’acier liés à la construction, fragilisés par la dégradation du marché immobilier dans le pays.

. Gabon : baisse des cours du pétrole et ralentissement de l’activité
Le Gabon passe, lui, de B à B – . Fortement dépendant du pétrole (35% du PIB, 52% des recettes publiques et 77% des exportations), le pays souffre actuellement de la baisse du prix du baril ainsi que du recul régulier de sa production. Cette situation devrait peser sur les comptes courants et publics en 2015, de même que sur la croissance ramenée autour de 4% en 2015 après avoir été maintenue à 5,4% pendant trois ans.

. Madagascar : instabilité politique, faiblesse des investissements et retard des réformes
En proie à une instabilité politique récurrente, Madagascar est reclassé de C à C – du fait du récent vote du parlement pour la destitution du président élu en décembre 2013. Cette crise politique pèse notamment sur les investissements et retarde les réformes nécessaires, notamment celles visant la réduction des déficits. Elle pourrait également causer une nouvelle suspension des aides internationales comme cela s’était déjà produit à la suite du coup d’état de 2009.

. Tanzanie : dévaluation de la monnaie et augmentation du déficit public
Enfin, la Tanzanie passe de son côté d’une évaluation B à  B – .
Ici, la dévaluation du shilling face au dollar (de – 17 % entre janvier et fin mai 2015, après une première chute de – 8% en 2014) inquiète les observateurs. Cette situation est jugée d’autant plus inquiétante du fait de la baisse de la croissance, de l’augmentation du déficit public, du creusement du déficit courant et de la baisse de l’aide internationale après la décision prise par plusieurs organismes de suspendre leurs aides suite à une affaire de corruption.
L’appréciation du dollar américain et les incertitudes quant aux prochaines élections d’octobre 2015 pourraient de plus augmenter la pression sur la monnaie. De même que le manque de devise et les arriérés de paiement de l’Etat pourront affecter les entreprises publiques et privées.

Retrouvez le panorama complet de la Coface sur :
http://www.coface.fr/Etudes-economiques-et-risque-pays