Quelles perspectives pour le secteur agroalimentaire en Europe ?

En toute fin d’année 2015, la compagnie d’assurance Atradius éditait un rapport sur les performances et les  perspectives du secteur agroalimentaire.
Celui-ci y est présenté à la fois comme performant et vulnérable face aux risques de volatilité des prix des matières premières, de ralentissement économique soudain ou de problèmes sanitaires, notamment du fait de l’étroitesse des marges de nombreuses entreprises.

Un secteur affichant des performances satisfaisantes

Il est ainsi observé, dans de nombreux pays d’Europe, des performances satisfaisantes, notamment de bonnes performances commerciales et une situation relativement stable en termes de risque de crédit.
Dans ce cadre, ce sont d’ailleurs les exportations qui jouent un rôle essentiel sur de nombreux marchés pour la rentabilité du secteur agroalimentaire puisqu’elles compensent bien souvent les résultats moins performants des marchés domestiques marqués par un renforcement du pouvoir de négociation des grands distributeurs et discounters et un rétrécissement des marges de manœuvre des fournisseurs.
Dans ce cadre d’ailleurs, l’assureur remarque que l’embargo décrété par la Russie sur les importations agroalimentaires en provenance de l’UE n’a a priori ni provoqué de répercussions trop importantes sur les entreprises agroalimentaires européennes, ni conduit à une hausse importante des retards de paiement ou des faillites. Seuls certains sous-secteurs, notamment ceux des produits laitiers et des fruits et légumes ont été affectés. Mais dans la majeure partie des cas, les opérateurs ont su trouver des marchés d’exportation de remplacement.
Enfin, autre point positif pour le secteur : la baisse des prix des matières premières qui a apporté un certain soulagement aux producteurs et transformateurs de denrées alimentaires depuis 2014, même si la concurrence est de plus en plus vive entre les sociétés agroalimentaires européennes imposant notamment une forte maitrise des coûts de production.

Zoom sur les grandes tendances du secteur au sein de quelques marchés européens

Belgique

>Forte croissance des exportations de produits alimentaires (+2,1% en 2014) conduisant à une balance commerciale positive de 3,9 milliards d’euros (+11,8%).
>Coûts élevés en matière d’énergie et de main-d’œuvre mettant les marges sous pression.
>Sensibilité à la volatilité des prix des matières premières.
>Amélioration en matière de défauts de paiement et de faillites (84 faillites entre janvier et septembre 2015 contre 88 sur la même période en 2014).

Les grands points forts du marché : une localisation au cœur de l’Europe occidentale, des produits de haute qualité et de niche, la force des exportations, des normes de qualité et de sécurité efficaces et une innovation affirmée en termes de procédés, produits et marketing.
Les grands points faibles : un certain handicap salarial, des coûts élevés en matière d’énergie, une pénurie de personnel technique spécialisé.

France

>Chiffre d’affaires de l’industrie agroalimentaire en baisse (-1,8% en 2014) représentant 157,6 milliards d’euros.
>Difficultés des sous-secteurs de la viande et des produits laitiers, notamment du fait du fléchissement des importations chinoises, de l’embargo russe et du déclin des prix.
> Des paiements qui accusent souvent des retards allant jusqu’à 15 jours.
>Coûts de production encore trop élevés.

Les grands points forts de ce marché : une position de cinquième plus gros exportateur mondial de produits alimentaires, une réputation d’excellente qualité des produits, une résilience tout au long de la crise économique.
Les points faibles : une fragmentation excessive de certains sous-secteurs, un rétrécissement des marges, une insuffisance des investissements, des coûts élevés de main-d’œuvre et des règles strictes en matière d’hygiène pesant sur la compétitivité du secteur.

Allemagne

>Baisse du chiffre d’affaires de -1,7% en 2014 (172,2 milliards d’euros) et de -4,4% au 1er semestre 2015 (81,9 milliards d’euros) avec un recul des ventes domestiques (-6,5%) et une modeste croissance des ventes à l’exportation de (+ 0,5%).
>Augmentation des faillites attendue à long terme.
>De nombreux cas de fraude dans le secteur.

Les points forts : des exportations très rentables, une grande compétitivité à l’échelle internationale et un secteur non–cyclique.
Les points faibles : une surcapacité partielle en matière de production, un rétrécissement des marges et des prix très bas imputables à la force du secteur des discounters.

Pays-Bas

>Nouvelle hausse de la croissance des exportations attendues en 2016, même si l’embargo russe continue à affecter le secteur, en particulier le sous-secteur des fruits et légumes.
>Des délais de paiement de 40 jours en moyenne et un nombre de retards de paiement, de demandes d’allongements des délais et de faillites faible en comparaison aux autres secteurs économiques néerlandais.
>Quelques difficultés dans le sous-secteur de la viande.

Les points forts : des infrastructures modernes et une production et une commercialisation très efficaces.
Les points faibles : la concurrence, notamment la concurrence par les prix, la concurrence étrangère et la concurrence en matière de distribution.

Italie

>Modeste rebond en 2015, notamment du à une hausse de la production (+1,1%), du chiffre d’affaires (+0,3%) et à la croissance des exportations (+6%).
>Des difficultés qui s’aggravent pour le secteur de la viande.
>Augmentation du risque de faillite pour les petits distributeurs de produits alimentaires.

Pologne

>Demande domestique vigoureuse (70% des ventes) et augmentation des exportations. En 2015, les exportations polonaises de produits alimentaires enregistraient ainsi un record historique d’environ 25 milliards d’euros (contre 21,3 milliards en 2014).
>Peu d’effets négatifs majeurs dus à l’embargo russe.
>Des délais de paiements de 45 jours en moyenne et un nombre de retards de paiement et de faillites qui devrait rester stable.
>Nouvelles taxes sur les banques et les supermarchés qui pourraient affecter le secteur.

Consultez la situation des autres pays d’Europe au sein du rapport complet : https://atradius.fr/rapports/atradius-market-monitor-agroalimentaire-2015-.html

Source : Atradius
https://atradius.fr/rapports/atradius-market-monitor-agroalimentaire-2015-.html

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